Beaucoup de choses effectivement. Je vais détailler, d’une part à propos de la parité H/F, puis à propos des questions de représentation des minorités au sein d’instances gouvernantes.
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A propos de la parité H/F (le point très important ici, pour moi) : l’association est à la remorque de la société française, et c’est effectivement un gros problème. 50 % des députés européens français sont aujourd’hui des femmes, 50 % des candidats aux législatives sont aujourd’hui des femmes, et si deux partis ne s’évertuaient pas à minimiser le nombre de femmes candidates dans des circonscriptions gagnables, on serait sans doute pas loin des 50 % de femmes à l’assemblée. Pourquoi alors 0 femme au CA de OSM France. C’est relativement bien documenté par les sciences sociales : la première réponse est la charge mentale, ce que l’on appelait avant la 2e journée de travail. Une étude relativement récente [je tâcherai de mettre le lien ici] indique que dans le partage des tâches ménagères des familles composées d’un couple hétérosexuelle, non séparé (vivant ensemble du moins) avec enfants [modèle familial majoritaire en France], le père participe aussi peu aux diverses tâches de la maison qu’en 1980 (c’est-à-dire quasiment pas, aide aux devoirs compris) à l’exception notable du temps de jeux et loisirs passé avec les enfants. Ceci un une difficulté qui n’est pas insurmontable. Quand en 2015, l’obligation paritaire a été mise en place pour les conseils municipaux de villes de + 3500 habitants [vérifier ce chiffre], il y a bien eu 2, 3 maires sur France 3 Région pour alerter sur la démocratie en flamme. Résultat : 0 souci ou pas loin dans toutes les villes concernées (nombreuses) et du jour au lendemain, une gouvernance paritaire.
Je ne crois pas que ce soit possible d’imposer une telle disposition au sein du CA d’OSM France (d’un point de vue légal). Mais il y a d’autres manières de faire. Une fois la stratégie définie, qui peut être je ne sais pas, relative au sujet de l’éducation, de la question du handicap, de la gestion des risques, du développement durable incluant les transports doux (liste purement réthorique ici à titre d’exemple) il est simple de coopter des personnes identifiées au genre féminin, respectivement impliquée dans de l’associatif relatif à de l’éducation, au handicap, etc. Au besoin, valider chaque cooptation via un rapide sondage vérifiant qu’il y a relatif consensus pour cette nomination. Ceci peut se faire très vite.
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La représentation sociale est une question bien moins avancée dans la société française, à l’assemblée par exemple : 80 % de cadres ou assimilés, et 20 % d’employés ou assimilés, alors que la population active est composée d’un ratio inverse (je précise cela juste pour contextualiser).
Le fait de définir/catégoriser des gens, pour en déduire leur mode de pensée et leur niveau d’'empathie est de l’ordre de l’essentialisme : présupposer q’une personne acte et pense d’une certaine manière, sous prétexte qu’elle est ce qu’elle est, est de mon point de vue scientifiquement erronée, humainement détestable, et socialement dangereux.
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« Je trouve qu’avoir des regards, parcours différents, situations différentes sont plutôt intéressantes pour une gouvernance d’asso. Si tout le monde est à l’aise financièrement dans les « gouvernants », c’est difficile de se dire que venir au sotm-fr par exemple est compliqué, cela a des coûts » : une forme d’essentialisation à nouveau. La situation financière est présupposée (quand on a des galères de blé, on le crie rarement sur tous les toits). En creux, cela suppose que H blanc, éduqué bac++ et possiblement à l’aise financièrement donne forcément l’expérience de vie réduite au fait d’avoir constamment péter dans la soie au cours de son existence. Il y a peut-être des gens qui ont vécu dans la rue, qui sont en couple avec des personnes racisées et qui sont à ce titre hautement conscient des problématiques inhérentes de discriminations sociales. Ce peut être par des amis, par le tissu relationnelle. Par le bénévolat également : j’ai lu CRF dans la présentation d’un membre du CA. Je pense qu’avoir participé à une maraude ou deux dans sa vie, te fait atteindre un niveau d’empathie suffisant pour résoudre le pb « sotm-fr, coûts, etc. ». En clair, pas nécessaire d’expérimenter la souffrance humaine, pour l’identifier et la combattre. Par ailleurs rien ne te dit qu’une multitude de souffrance humaine n’a pas été expérimentée par les membres du CA. Je trouve que cette approche est malaisante et d’une certaine manière impudique (faut-il que les individus se justifient ?).
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Sur la question du bac++ ou non. Je dois dire que par opposition, je n’ai jamais aucune idée sur le fait que les gens avec qui je bosse ou collabore ont le bac ou non. Je ne me suis jamais posé la question jusqu’à maintenant. Même les gens que je connais depuis le plus longtemps (44 ans), socialement, en dehors de ma famille, je ne le sais pas. Ce n’est pas un sujet. Et là aussi une dérive essentialiste, En faire un sujet, c’est à mon avis justement une façon de défendre son propre capital-diplôme (ce qui peut se comprendre, beaucoup de travail, de sueur, de « mérite ») en arguant justement de l’absence d’un tel capital chez d’autres (tout en le déplorant bien sûr). Je crois qu’on a affaire là à une double conjonction de biais cognitifs, l’effet de halo et l’ effet de dotation (aversion à la dépossession), posture bien documentée je crois, par les sciences sociales.
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Quand tu montes dans le bus, ce qui te saute aux yeux, c’est la non-représentativité supposée du CA d’OSMFR (j’espère que tu vérifies préalablement que le bus_stop où tu es monté est bien dans la bonne relation). On est là dans de l’impressif, dans l’émotion même (ce que je respecte) mais sans aucune analyse derrière. J’y vois comme une volonté de réinventer la roue, avec des observations de l’ordre de l’anecdote (« je prends le bus », « je croise des gens »), et ça s’arrête globalement là.
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Comme l’expression « hommes blancs, csp+, plus de 40 ans », qui déplore en creux l’absence de « femme racisée », accessoirement « jeune et pauvre ». Cette catégorisation est également problématique par son essentialisme d’une part, et par l’association d’idées d’autre part qui confine au cliché (« femme racisée » ok admettons, mais pourquoi nécessairement pauvre ou peu éduquée).
PS : en me relisant, j’ai vu que j’avais utilisé l’expression « réthorique intersectionnelle » il y a quelques jours, c’est-à-dire un argumentaire relatif à des personnes subissant des discriminations, car identifiée au genre féminin d’une part, et d’autre par car personne racisée justement. Or « réthorique intersectionnelle », sur la forme, fleure un peu terminologie usitée par l’E-D (je viens d’en prendre conscience). Ce n’était pas intentionnel.