Cyclabilité et tag class:bicycle:commute

Bonjour à tous,

Je travaille à la Fédération des usagers de la bicyclette (FUB), qui regroupe 250 associations vélo en France, situées dans quasiment toutes les plus ou moins grandes villes.

J’ai une question sur la notation de la cyclabilité et plus particulièrement sur l’utilisation du tag class:bicycle:commute.
J’explique où je veux en venir :

Nous aimerions proposer aux associations un guide méthodologique pour créer des cartes de “cyclabilité”. La cyclabilité est une notion subjective qui permet d’indiquer l’aptitude d’un axe/tronçon à accueillir et favoriser la pratique du vélo (IFSTTAR, 2013) et reflète le ressenti des cyclistes.

Une manière de créer une carte de cyclabilité est donc de renseigner une note allant de -2 (le pire/le plus dangereux) à 2 (le mieux/le plus sécuritaire) sur le tag class:bicycle:commute=*
C’est ce que fait l’association bretonne de Lannion et cela donne cette carte umap avec un dégradé de couleur allant de rouge à vert foncé.
Pour attribuer ces notes, l’association se base sur son expertise du territoire ainsi que sur des cartoparties avec leurs adhérents pour les renseigner directement sur OSM. L’idée est de noter les tronçons en se mettant dans la peau d’un cycliste urbain lambda. Pas d’un coureur sportif équipé d’un vélo tout carbone, ni d’un jeune casse-cou en VTT mais d’un cycliste adulte avec un vélo de ville bien classique, dans le cadre de déplacements utilitaires et également un peu loisirs.
Une fois les notes attribuées, la carte umap fait une requête des notes class:bicyce:commute=-2, -1, 0, 1 et 2 grâce au serveur API.

Cette technique, même si longue à mettre en place, me semble la plus simple et la plus adaptée pour des associations locales sans compétences informatiques mais avec une grande expertise vélo de leur territoire.

Cependant, d’après ce que je vois ici, c’est un sujet qui prête à débat.
Ainsi, j’aimerais savoir ce qu’en pense la communauté OSM France. Pensez-vous qu’il est possible d’étendre ce tag à l’échelle des villes françaises ? Voyez-vous un inconvénient à ce qu’un tag subjectif soit renseigné sur OSM ?

Merci d’avance pour vous réponses !

Lucas

Il y a eu effectivement beaucoup de discussions sur ce sujet.

Le principe d’OSM est plutôt de décrire objectivement le plus possible un tronçon, un axe, une voie, ses obstacles, pour ensuite permettre à chacun de calculer la note de son choix que ce soit pour un usage cycliste ou pas d’ailleurs.

C’est donc plutôt ceci qui jusqu’à maintenant a été retenu.

Je suis d’accord sur le fait que le principe d’OSM est de renseigner des informations objectives. Mais dans le cas de la cyclabilité, même les meilleures données objectives ne permettront pas d’indiquer à quel niveau un tronçon est cyclable ou non. On peut certes décrire la qualité du revêtement, la vitesse du trafic routier à côté, les potentiels obstacles au milieu de la voie mais quid du volume du trafic par exemple ? Le tronçon est-il fréquenté par des voitures ou uniquement par des poids-lourds ? La visibilité à l’intersection est-elle obstruée par de la végétation/construction ? L’intersection est-elle réputée accidentogène pour les cyclistes ? La piste cyclable est-elle souvent l’objet de stationnements illégaux de voitures ?

Ces informations ne relèvent pas de l’objectivité mais rentrent pourtant en compte dans la cyclabilité d’un axe : un axe qui dans la théorie parait tout à fait favorable pour la pratique du vélo peut en réalité être un véritable enfer et une source de danger pour l’usager du vélo. C’est dans ce cas qu’une association vélo locale peut caractériser la cyclabilité d’un tronçon et donc par extension, d’une ville.

Qu’en dites-vous ?

Bonjour,
il me semble que ce qui a été développé ici : http://cyclabilite.champs-libres.coop/ présente plusieurs intérêts :

  • identifier plusieurs types de profils,
  • rajouter des surcouches de données hébergées ailleurs (avec cependant utilisation des données extraites d’osm pour les tronçons, rues, …),

Peut-être qu’il faut qu’un service comme celui-ci (ou autre chose je n’ai pas de part dans le projet cyclabilite ci dessus) soit proposés aux asso locales qui veulent participer ? Et non pas tenter de tirer OSM vers ce type d’usage ?

Cordialement

A mon avis, la seule solution qui pourrait être compatible avec les réglés de la communauté OSM serait que la FUB définit un système de classement des voies en fonction de leur cyclabilité, les associations locales classent les voies de leur ville/région, la FUB valide ce classement et le publie. J’étais parti dans ce sens au niveau local il y a quelques années mais j’ai vite compris que la subjectivité n’est pas seulement un problème pour OSM mais aussi pour les utilisateurs. Le meilleur itinéraire pour un déplacement utilitaire, cela n’existe pas, les priorités et les préférences des uns et des autres sont trop différent. Pour aller au boulot, l’un préfère aller au plus vite sur la voie avec les voitures et l’autre fait un détour par une voie verte avant de s’enfermer dans son bureau.

A mon avis, il faut fournir à l’utilisateur des informations objectives qui lui permettent de choisir l’itinéraire qui lui convient le mieux : pistes et bandes cyclables, zones 30, petites routes intercommunales (=unclassified hors agglomération), chemins agricoles bitumés (track grade1). Là ou cela existe, on peut saisir les itinéraires signalés par des panneaux de type DV12, en leur attribuant un lcn=yes par exemple. Là, où cela n’existe pas on peut définir des liaisons inter-quartiers et inter-villes dans une base externe. Si en plus on ajoute dans OSM des critères objectifs, tel que la largeur des voies et la densité du trafic, on peut créer une carte de la cyclabilité sur la base des données OSM.

Le problème de la cyclabilité c’est qu’elle prend en compte à la fois des éléments physiques+objectifs+pérennes (qualité du revêtement, largeur de la voie, type de voie (bande, piste), vitesse des motorisés…) mais aussi des éléments subjectifs et variables (je suis à l’aise à vélo dans un double-rond point même s’il y a des camions parce que je roule vite, que je sais me positionner, que je suis d’un naturel confiant etc vs je ne suis pas à l’aise sur cette bande cyclable avec mon enfant de 6 ans qui roule derrière moi, sauf peut être le dimanche parce que là il y a moins de circulation…).

OSM n’a pas vocation à répertorier des éléments subjectifs et variables (variables on peut quand même ajouter des données qui varient en fonction d’horaires, mais ces horaires doivent être fixes (est-ce que c’est une obligation ?) : ex horaires d’ouverture d’un jardin permettant alors un cheminement piéton pour le traverser)

Donc OSM n’est pas l’outil pour répertorier la cyclabilité.

OSM permettra de répertorier les éléments physiques+objectifs+physiques, et il faudra une autre couche (donc un autre outil) pour répertorier tout le reste (bon courage !)

Concernant la largeur des bandes cyclables, j’ai déjà un peu étudié le sujet, et réalisé quelques ajouts de ces données sur Nancy.
Voir FR talk:Key:cycleway - OpenStreetMap Wiki
À combiner avec https://wiki.openstreetmap.org/wiki/FR:Key:parking:lane

Bonjour à tous,

Je viens en complément pour plaider en faveur de la généralisation de ce tag !

Je travaille en effet comme cartographe au sein d’une association FUB, notamment celle qui à mis en place la carte de cyclabilité cité plus haut.

http://cyclabilite.droitauvelo.org/

Pour nous association de cycliste, la cyclabilité n’est finalement pas si subjective que cela, elle correspond en fait à une synthèse des éléments objectifs qui permettent une bonne pratique du vélo ou non.

Elle permet de synthétiser les facteurs suivant en une seule note : le trafic automobile, la vitesse réelle (et non réglementaire pas toujours respecté), la présence d’aménagements cyclable, la qualité du revêtement et de l’aménagement cyclable, ainsi que le dénivelé.

La synthèse se fait par l’expérience des cyclistes et par la discussion entre les membres de l’association qui l’attribut.
L’exemple de Lannion en est la preuve : à force de réunions et de discussions, les membres de l’asso ont pu constituer une carte de cyclabilité de leurs territoires, qui va permettre d’enrichir la concertation avec la collectivité. Jetez un coup d’œil sur leur blog :wink:
http://tregor-bicyclette.blogspot.fr/2017/02/cartopartie-cyclabilite-des-routes.html

En attribuant ces notes aux différentes routes, cela permet de distinguer les routes à emprunter et celle absolument à éviter.

J’entends bien l’argument que si l’on arrive à regrouper l’ensemble de ces informations sur la voie, on arrive à définir la cyclabilité, avec une petite formule magique.

Seulement, certains facteurs sont difficiles à définir précisément ex : le trafic automobile. Et d’autre sont presque impossible à montrer : une zone 30 non respecté, un aménagement cyclable non sécurisant. De plus, l’ajout de ces éléments serait chronophage, non fiable car non sourcé et pris individuellement, sans grand intérêt.

Ainsi il est plus simple de définir la cyclabilité avec un barème de note convenu à l’avance, afin de comparer les routes entre elle (facilitant la mise en place de calculateurs d’itinéraires) et aussi permettre aux experts de chaque territoire (les associatifs cyclistes de plus en plus nombreux et organisés) de montrer aux décideurs locaux que certaines voies qui sont officiellement cyclables ne le sont pas en réalité, et que d’autres seraient intéressantes à mettre en valeur, sur une véloroute par exemple.

Les notes attribuées permettent aussi de montrer le travail à effectuer sur ces voies : les plus mal notés ont besoins de d’aménagements cyclables sécurisant, les moyennement notés un traitement plus léger comme une mise en zone 30, tandis que les mieux notée pourraient être mis en avant avec un jalonnement cyclable.

Enfin, concernant la carte de cyclabilité mise en place dans le Nord, il serait bien qu’à terme elle soit généralisé sur l’ensemble du territoire, afin que chaque cycliste puisse donner son avis ! Mais pour le moment, c’est irréalisable pour ne nombreuses raisons. Ce travail sur Openstreetmap avec le tag class:bicycle:commute pourra être mis en valeur comme note par défaut, sur une future carte nationale de cyclabilité.

J’espère que ma contribution à cette discussion vous fera changer d’avis sur le caractère subjectif de la cyclabilité et sur l’importance de celle-ci pour les associations de cyclistes :wink:

Cyclamicalement,

Mathias

Bonjour à tous, en particulier aux cyclistes-cartographes

Je viens de voir ce sujet un peu ancien. Je voulais le remettre au goût du jour en vous faisant un retour d’expérience.

Voici quelques mois que je travaille sur l’identification d’un réseau cyclable à Angoulême. Angoulême n’est pas réputée pour sa cyclabilité et pour cause, les infrastructures cyclables y sont rares.
Je vous met un lien vers CyclOSM pour constater par vous-même : https://www.cyclosm.org/#map=13/45.6504/0.1794/cyclosm

Aussi, lorsque l’on veut circuler à Angoulême à vélo, il faut savoir intégrer sur sa routes des portions non aménagées, si possible avec une circulation faible. Les routes type « highway=residential » ou « highway=unclassified » sont généralement satisfaisantes. Problème : ce sont de petites routes qui sont généralement peu mises en avant sur des cartes standards, et nombreuses de ces routes sont des impasses ou sont sans intérêt en terme d’itinéraire (ce qui rend les cartes illisibles si on extrait tout). Il faut pouvoir distinguer les routes utiles pour les cyclistes, de celles sans intérêt.

Après m’être cassé un peu la tête sur le wiki, j’en suis arrivé à la conclusion d’utiliser le tag class:bicycle (https://wiki.openstreetmap.org/wiki/Key:class:bicycle). Sa pertinence a fait un temps débat, car un peu subjectif, mais il semblerait que son usage se soit finalement imposé, notamment en Allemagne.

J’ai donc décidé d’utiliser massivement ce tag pour compléter le réseau cyclable d’Angoulême. Voici mon interprétation :

  • Je met un tag class:bicycle=1 (= à préférer) sur les routes qui sont utiles pour se déplacer à vélo (donc pas des impasses ou détours qui n’apportent rien), et avec un faible traffic (je dirais ~ max une voiture toutes les 2 minutes), généralement des routes résidentielles ou non-classées.
  • Je met un tag class:bicycle=2 (= pas mal) sur les routes utiles et à très faible traffic (parce que impasse pour les motorisés par exemple) et qui ont un petit cachet.

J’utilise finalement peu les autres valeurs (de -3 à 3 possibles), l’idée c’est surtout de mettre en avant des routes qui sont préférables et pratiques, que celles à éviter (généralement les routes primaires, secondaires on les évites).

Dans l’usage, le tag bicycle=yes est aussi souvent utilisé pour désigner les axes de circulation (plutôt que les impasses et les détours). Mais je trouve qu’il est ambigüe, d’où une préférence personnelle pour le « class:bicycle=1 », qui aurait d’ailleurs du sens sur les chemins (highway=path) voir sur des passages piétons-vélo pied à terre, mais néanmoins très pratiques. J’ai vu que certains calculateurs d’itinéraires prenait aussi en compte cet tag, mais ce n’est pas généralisé.

Bref, je trouve ce tag très pratique, il me permet d’identifier un réseau cyclable d’Angoulême bien plus fourni : https://umap.openstreetmap.fr/fr/map/reseau-cyclable-angouleme_629725

Voilà, je vous laisse réagir, me dire ce que vous en pensez, et éventuellement m’indiquer des références vers d’autres initiatives qui s’intéressent aussi à cette question des itinéraires cyclables de proximité (=pour un usage quotidien).

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