Quel futur pour OpenStreetMap, gouvernance, stratégie et quelle place pour OpenStreetMap-Fr

Bonjour,
suite à SOTM-Fr, notamment la conférence de @overflorian du samedi 16h « Comment tuer OSM? Surtout ne changeons rien » Comment tuer OSM ? Surtout, ne changeons rien [Florian Lainez] - peertube.openstreetmap.fr ainsi qu’une part des discussions en AG, j’ouvre ce fil pour tracer des échanges sur le sujet.

Ma position actuelle en quelques mots : le principal rôle de la fondation me semble être d’assurer la perennité du projet OSM, ce qui passe par le maintien de son indépendance, veiller à la protection juridique, et valider les propositions d’évolution de la base en s’assurant du bien commun.

Les évolutions, qui peuvent être d’initiatives diverses, devraient plutôt être portées par les chapitres (tel que OSM-Fr), la fondation n’intervenant qu’en cas de conflit entre chapitres.

De même, les chapitres devraient être en mesure de porter le développement d’outils (ou suite/distribution cohérente d’outils pour reprendre des termes échangés faisant références aux distributions GNU/Linux).

J’arrête là, le réseau étant erratique dans le TGV.

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Hello, merci de lancer ce débat qui me semble salutaire.

Au delà de la stratégie et des actions à mettre en œuvre pour la réaliser, au delà de la répartition des rôles que tu abordes @Dubs120, je pense que nous devrions avant tout commencer par définir la vision du projet.

  • Vision Actuelle
    La vision actuelle telle que je la perçois est : « la fondation maintient la survie du projet et on laisse le bazar faire le reste » (bazar étant entendu dans sa version noble telle que définie par Eric Raymond).

J’ai l’impression que suivre cette mission a été souhaitable pour un temps et a énormément apportée, mais que nous sommes maintenant dans une phase où elle mène à un immobilisme extrêmement dommageable.

  • Vision à 10 ans
    Quelle pourrait être la vision d’OSM à 10 ans d’après vous ?

Lors du Sotm-fr, @AntoineR a formulé une vision intéressante :

Devenir la seule et unique base de données géographique du Monde.

J’ai l’impression qu’entre la vision minimaliste actuelle et cette vision maximaliste, nous avons une grande palette visions à la fois réalistes et ambitieuses.

Voici donc ma proposition personnelle :

Devenir la 1ère plateforme de crowdsourcing géographique & la 1ère source de données géographique du Monde tout en continuant à protéger notre mission.

De cette vision découle plusieurs conséquences :

  1. Pour devenir la 1ère plateforme de crowdsoucing, il faut
  • augmenter le nombre de contributeurs individuels et leur rétention : s’ouvrir bien plus largement aux contributeurs débutants/casuals, investir dans l’UX des outils de contribution, dans les mécanismes de gamification, faciliter le travail de jardinage
  • faciliter la possibilité de contribution pour les organisations externes détenant déjà des BDD en OdBL (intégration de données et suivi de l’évolution dans le temps)
  1. Pour devenir la 1ère source de données, il faut en faciliter drastiquement la réutilisation qui est très différente selon le contexte. S’adresser directement aux développeurs (avec des jeux de données, API, SDK … au top) me paraît indispensable.

  2. Pour atteindre l’objectif ambitieux de devenir n°1 sur ces deux créneaux, il faut les considérer comme 2 marchés à étudier et à adresser systématiquement et énergiquement, c’est à dire avec un budget à 7 chiffres et des stratégies adéquates.

Je l’ai dit dans mon intervention durant le sotm-fr 2022, je pense que pour y parvenir nous devons faire évoluer notre rapport au temps (accélérer) et à l’argent (normaliser le fait d’en lever et d’en dépenser).

Et vous, quelle serait votre vision à 10 ans pour OSM ?

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PS : je constate qu’il existe encore beaucoup de contributeurs qui défendent l’auto-organisation, en mode bazar, comme unique meilleur mode d’organisation de notre mouvement.

Si je trouve tout à fait souhaitable de maximiser le bazar pour les projets techniques mais aussi que nous avons besoin d’adresser des sujets qui n’ont rien à voir avec la technique et pour lesquels le bazar ne peut structurellement pas adresser. Par exemple : faire évoluer openstreetmap.org, améliorer l’UX des débutants (et de nos outils de contribution d’une manière générale), favoriser la diversité (hommes/femmes ; techniciens/non-techniciens, pays du nord/sud), améliorer la formation, la communication externe, le lobbying, le développement des chapitres locaux …

Juste pour clarifier :

Je n’ai pas ici exprimé ma vision d’un projet qui devrait devenir hégémonique. J’ai voulu signifier que pour pouvoir définir une stratégie, il faut s’accorder sur une vision à moyen / long terme, et définir une ambition commune.

Je n’aime pas trop cette vision hégémonique ni le côté « 1er de » qui a un côté très entrepreneurial.

Il ne faut pas oublier qu’on a aussi des niveaux de maturité (de la communauté et donc des données) très hétérogènes dans OSM d’un pay à l’autre, voir même d’une région à l’autre si on reste dans l’hexagone.

@overflorian j’attend de pouvoir visionner ta présentation pour continuer.

@AntoineR au temps pour moi. Totalement d’accord avec la recherche de vision, du coup.
@cquest c’est bien noté, attendons la publication de la vidéo.

Je souhaite qu’il soit fait en sorte que les nouveaux entrants se voient accordés les mêmes possibilités que les nouveaux d’il y a 10 ans.

En vieillissant, je trouve que les projets participatifs perdent leur ouvertures d’esprit originel (je pense notamment à Wikipédia).
Il faut trouver un moyen de certes gagner en maturité, mais sans perdre son âme d’enfant ! (^_^)

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bonjour,
Quelles differences vois tu entre aujourd’hui et il y a 10 ans, en terme de possibilités offertes aux nouveaux pour OSM ?

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cela me fait penser à cette expression que j’adore ‹ il n’est pas nécessaire d’être triste pour être sérieux ›

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Moi j’avais « Faire les choses sérieusement sans se prendre au sérieux » :wink:

Du coup, votre vision pour OSM, ça serait quoi ?

Voici la vidéo Comment tuer OSM ? Surtout, ne changeons rien [Florian Lainez] - peertube.openstreetmap.fr

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En fait je me suis mal exprimé.
J’espère que dans 10 ans, un nouvel arrivant aura les mêmes possibilités d’actions qu’un nouvel arrivant d’aujourd’hui, ou d’il y a 10 ans.
Je sais bien que ça change vite, ne serait-ce que parce qu’il y a déjà beaucoup de données déjà saisies.
Mais il n’y a pas de raison de vouloir — dans un sens comme dans l’autre — chambouler quelque chose que trouve déjà très acceptable.

À trop vouloir capter de nouveaux entrants, en meut « facilitant » la vie, on oublie que sans que ça soit dramatique, nous avons nous réussi à entrer dans l’éco-système. Je ne dis pas qu’il faut « mériter » sa participation (je tire mon chapeau à tous ceux qui font en sorte que les interfaces sont de plus en plus agréable à utiliser), mais ça demandera toujours une petit effort, et peut-être que la relative aisance que je ressens aujourd’hui vient simplement du temps passé.

Je ne sais pas si c’est plus clair comme ça;

Il y a un point majeur : le changement de masse critique.
Rentrer dans du bigdata implique par l’investissement (temps, hommes, argent) d’acteurs majeurs dans le monde du numérique ou des aménageurs du territoires une forme d’institutionnalisation rendant l’écosystème plus sérieux.

Ce qui devient intéressant c’est de réinventer notre relation à la donnée : passer de la semaille au jardinage.

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Même si j’ai bien compris que cela n’avait pas été le propos original, on peut s’intéresser un peu à ce que ça signifie et si c’est réellement ce que nous souhaitons.

Devenir la seule plateforme de quoi que ce soit serait bien triste, nous perdons l’émulation d’une communauté riche et diverse, au delà d’OSM.
Devenir la 1ere plateforme de quelque chose me semble déjà atteint à plusieurs égards, du monde ça reste à voir.

Devenir une plateforme importante me semble en revanche un objectif plus raisonnable en attendant mieux, parce que du chemin reste largement à parcourir, même en France.
Beaucoup d’institutions ne nous connaissent pas, n’imaginent pas qu’il est dans leur intérêt de s’inspirer de nos expériences et productions passées.
Beaucoup d’acteurs font bande à part, les idées autour des communs sont régulièrement chahutées.
Le chemin est encore long et il faut se fixer des objectifs à la fois concrets et raisonnables.

Quoi qu’il arrive et que nous décidions, il faudra souvent nuancer ces objectifs et les moyens que nous aurons pour les atteindre, par les atteintes à l’indépendance que cela représentera.
Il y a de la place pour faire beaucoup de chose dans ce cadre.
Je retiens particulièrement le propos de Jean-Marc Liotier lors du SOTM qui parlait des risques qu’une intrication trop grande avec d’autres acteurs pouvait représenter.

A ce titre, ce propos est trop restrictif, la fondation est garante des intérêts de la communauté. Elle a d’ailleurs besoin de plus de moyens pour s’en tenir à ce rôle là, d’un board plus large par exemple avant le reste.

Du reste je pense que la fédération des pros qui se créé en ce moment est porteuse de beaucoup plus d’espoir que tout autre révolution de grande ampleur.
Avoir plus d’activité professionnelles de cette nature est aussi un levier puissant pour produire plus d’outils et généraliser certaines pratiques.

My 2 cts.

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Je poussoie @InfosReseaux . Essayons maintenant de préciser l’objectif de devenir « une plateforme importante » qui me semble un peu générique.

Proposition de vision :
D’ici 2032,
1. Devenir la plateforme centrale de crowdsourcing cartographique.
2. Devenir la plateforme centrale de consommation de données cartographiques.
et ce, dans le Monde entier.

Exprimé comme tel, notre positionnement est clarifié :

  1. Une plateforme de crowdsourcing cartographique : cela a le mérite de mettre la communauté là où elle mérite d’être : au centre. Notre but est de la renforcer, de la développer.

  2. Plateforme de consommation de données cartographiques : cela renforce une mission déjà affichée pour OSM : « Nous voulons que les données OSM soient utilisées aussi largement que possible. »
    Une telle assertion est extrêmement fertile et nous pousse à nous tourner plus vers les réutilisateurs qu’actuellement.

Le terme « plateforme centrale » remplace quand à lui avantageusement « 1ère plateforme » qui peut être perçue en des termes assez limitatifs de nombre d’utilisateurs / contributeurs.
Le but est bien de continuer à s’interfacer avec les autres acteurs (que l’on peut considérer comme « périphériques ») sans essayer de les remplacer, tout en assumant l’ambition, nouvelle, d’une universalité, d’une centralité. Néanmoins, ce n’est peut-être pas un terme assez explicite. « la plus grosse plateforme » ? « la principale plateforme » ?

Avec ces 2 objectifs clairements identifiés, OSM se positionne plus précisément par rapport :

  1. aux autres plateformes de crowdsourcing cartographique, parmis lesquels Gmaps, Waze, le Géoportail.
  2. aux autres sources de consommation de données cartographiques : portails open data, Here …

En bref, ces positionnements nous permettent, pour chacun d’entre eux, de raisonner en terme de marché et donc de se doter d’un vision à même d’y progresser (je pourrai vous détailler mes traumatismes personnels liés à Mozilla, ma communauté d’origine. De ma propre expérience et à titre d’exemple, une telle vision est exactement ce qui a manqué à Firefox).

Je retiens particulièrement le propos de Jean-Marc Liotier lors du SOTM qui parlait des risques qu’une intrication trop grande avec d’autres acteurs pouvait représenter.

Si c’était une présentation, peux-tu stp en donner l’URL ? Sinon peux-tu détailler cette idée stp ?

L’aspect ouvert, collaboratif et libre manque complètement dans ta proposition ou n’est pas explicité (ce qui revient au même pour le « monde extérieur »).

Du coup, cela explique les alternatives que tu cites:

Ces alternatives, sont soit commerciales (non libre, non ouvertes), soit aux contributions non directes (contrôlées, ou publication en mode « top-down » pour l’opendata).

C’est en réaffimant cet énorme avantage qu’on se différencie des autres acteurs.

Posé en d’autres termes, cela revient à ne pas mettre d’autres acteurs sur notre chemin critique et je suis tout à fait d’accord avec ça. On a vu des dépendances naître (Mapbox est un exemple), et heureusement ça s’est ré-équilibré.

Plutôt que de se positionner en « plus gros », « premier », j’aime bien les notions d’universalité ou de naturel (what else ?) qui font plus appel à des valeurs qu’à un vocabulaire un peu agressif à conotation assez économique et au « marché ».

Rester hors logique de marché a aussi ses avantages (et inconvénients). C’est même peut être le premier point sur lequel il faut un consensus.

@cquest défendre nos valeurs me paraissait tellement évident que je ne les ai pas explicité dans la vision mais je me rend compte que tu as raison, on ne peut pas en faire l’économie.

Je résume souvent les 3 piliers « libre, ouvert et collaboratif » en « ouvert » (en anglais, « free » fonctionnant mieux) :
D’ici 2032,
1. Devenir la plateforme ouverte centrale de crowdsourcing cartographique.
2. Devenir la plateforme ouverte centrale de consommation de données cartographiques.
et ce, dans le Monde entier.

Néanmoins, on a peut-être envie d’expliciter plus encore les valeurs :
D’ici 2032, devenir la plateforme cartographique libre, ouverte et collaborative centrale pour
1. le crowdsourcing.
2. la consommation de données.
et ce, dans le Monde entier.

J’aime beaucoup « universelle » pour parler de plateforme, dans le sens « ouvert et compatible avec le reste du Monde », comme la norme USB.
Le mot porte même les germes d’un commun numérique dans une de ses définitions : " Qui est considéré comme commun à tous les hommes".
Petit bémol : une autre définition peut potentiellement contenir une visée hégémonique : « Dont la portée est générale, qui s’étend à tout, à tous ou partout. »
À défaut de mieux :

D’ici 2032, devenir la plateforme cartographique libre, ouverte, collaborative et universelle pour
1. le crowdsourcing.
2. la consommation de données.
et ce, dans le Monde entier.

→ Concernant la dépendance, c’est une question (très) importante, qui mériterait un thread dédié. Durant le Sotm-Fr, on m’a soumis l’idée de « distributions » (comme Linux). je trouve cette idée très fertile et à creuser.

→ Concernant la question de se positionner « dans » ou « hors » du marché, je ne pense pas qu’il faille trancher. Au contraire même, comme j’ai déjà eu l’occasion de le détailler, OSM parvient à concilier libertarisme et libéralisme, et cette dualité est une force plus qu’un frein.

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J’ai détaillé mon point de vue concernant la dépendance dans un sujet séparé : Stratégie / gérer la dépendance aux acteurs externes

Il y a un autre sujet qui me semble important, et qui peut sembler s’opposer au vocable « central », c’est la sobriété numérique.
Comment faire pour être universel, accessible à tous, mais également acteur dans la sobriété numérique et la limitation des impacts sur notre planète?
La fédération des serveurs - qui permet également la résilience - l’équilibre entre couches vectorielles et tuiles graphiques, autre?
Il me semble qu’afficher la volonté d’adresser cet aspect est important, si ce n’est essentiel avec la montée en puissance.

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